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Carences en éléments nutritifs sur les feuilles des plantes

Table des matières

Dans le domaine de l’agronomie et de la physiologie végétale, la compréhension des symptômes de carences nutritionnelles selon l’âge des feuilles est un outil fondamental pour le diagnostic nutritionnel des cultures. Les éléments minéraux, selon leur mobilité dans la plante, induisent des symptômes spécifiques soit sur les jeunes feuilles (encore en croissance) soit sur les feuilles âgées ou matures (feuilles inférieures ou grandes feuilles déjà développées).

Pourquoi les symptômes varient selon l’âge des feuilles ?

Les jeunes feuilles, qui se développent activement, dépendent de la disponibilité des nutriments mobiles et immobiles. Les éléments mobiles dans le phloème peuvent être remobilisés depuis les vieilles feuilles vers les jeunes tissus, ce qui entraîne l’apparition des symptômes sur les feuilles les plus âgées en cas de carence. À l’inverse, les éléments immobiles restent bloqués dans les tissus où ils ont été initialement assimilés. Leur carence impacte donc prioritairement les jeunes feuilles, incapables de recevoir une quantité suffisante de ces nutriments.

Dans cet article détaillé, nous allons analyser tous les macronutriments et micronutriments essentiels aux plantes en détaillant :

  • Leur rôle physiologique.
  • Leur mobilité dans la plante.
  • Les symptômes de carence spécifiques selon l’âge des feuilles (jeunes feuilles ou grandes feuilles).
  • Des exemples concrets pour l’agriculture et l’horticulture.

Les carences en macronutriments et leur impact selon l’âge des feuilles

Azote (N) – Carence sur les grandes feuilles

Rôle : Élément fondamental des acides aminés, des protéines, de la chlorophylle et des enzymes. L’azote stimule la croissance végétative et la photosynthèse.

Mobilité : Très mobile dans la plante, il est rapidement remobilisé des vieilles feuilles vers les jeunes organes.

Symptômes : Les carences en azote provoquent une chlorose généralisée (jaunissement) qui commence sur les grandes feuilles âgées, souvent les feuilles basales. Les jeunes feuilles restent vertes initialement, car l’azote y est acheminé prioritairement.

Phosphore (P) – Carence sur les grandes feuilles

Rôle : Essentiel pour la production d’énergie (ATP), la photosynthèse, la respiration cellulaire et la division cellulaire.

Mobilité : Très mobile dans la plante.

Symptômes : La carence entraîne des symptômes visibles sur les grandes feuilles âgées : coloration violacée ou pourpre, développement réduit, retard de croissance. Les jeunes feuilles sont initialement épargnées.

Potassium (K) – Carence sur les grandes feuilles

Rôle : Régulateur osmotique, il participe à la synthèse des protéines, à la régulation de l’ouverture stomatique et au métabolisme des glucides.

Mobilité : Très mobile dans la plante.

Symptômes : Les grandes feuilles montrent des brûlures en bordure (nécroses marginales) et des décolorations brunâtres. Les jeunes feuilles restent vertes plus longtemps.

Calcium (Ca) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Constitution des parois cellulaires, régulation enzymatique, division cellulaire.

Mobilité : Très faiblement mobile (transporté par le flux de transpiration, peu remobilisable).

Symptômes : La carence se manifeste sur les jeunes feuilles : déformation, nécrose des apex, dessèchement des bords et troubles de croissance. Les grandes feuilles ne montrent généralement pas de symptômes visibles immédiats.

Magnésium (Mg) – Carence sur les grandes feuilles

Rôle : Élément central de la chlorophylle, activateur enzymatique majeur impliqué dans la photosynthèse.

Mobilité : Très mobile dans la plante.

Symptômes : Apparition de chloroses internervaires sur les grandes feuilles âgées, souvent accompagnées de marbrures jaunes. Les jeunes feuilles sont peu affectées dans un premier temps.

Soufre (S) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Constituants des acides aminés soufrés, des protéines et des coenzymes.

Mobilité : Peu mobile dans la plante, contrairement à l’azote.

Symptômes : Jaunissement généralisé touchant d’abord les jeunes feuilles, car le soufre ne peut être remobilisé à partir des vieilles feuilles. La chlorose est souvent uniforme et semblable à celle d’une carence en azote mais sur jeunes feuilles.

Les carences en micronutriments et leurs impacts selon l’âge des feuilles

Fer (Fe) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Nécessaire pour la synthèse de la chlorophylle, le transport d’électrons et la respiration cellulaire.

Mobilité : Très peu mobile.

Symptômes : Chlorose internervaire prononcée sur les jeunes feuilles. Les nervures restent vertes tandis que le limbe jaunit. Les grandes feuilles restent vertes plus longtemps.

Manganèse (Mn) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Activité enzymatique, photosynthèse, respiration cellulaire, métabolisme de l’azote.

Mobilité : Peu mobile.

Symptômes : Chlorose internervaire sur les jeunes feuilles, parfois accompagnée de taches nécrotiques. Les grandes feuilles sont moins touchées initialement.

Bore (B) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Élément structural des parois cellulaires, division cellulaire, transport des sucres.

Mobilité : Peu mobile.

Symptômes : Déformations des jeunes feuilles, épaississement, cassure des tiges, nécrose apicale, mort du bourgeon terminal. Les grandes feuilles restent généralement saines au début.

Cuivre (Cu) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Respiration cellulaire, lignification, métabolisme des protéines.

Mobilité : Faible mobilité.

Symptômes : Déformations des jeunes feuilles, chlorose apicale, nécrose des apex, parfois flétrissement des jeunes pousses. Les feuilles âgées sont rarement touchées en premier.

Zinc (Zn) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Régulation enzymatique, synthèse des hormones de croissance comme l’auxine, métabolisme des protéines et des glucides.

Mobilité : Moyennement mobile.

Symptômes : Réduction de la taille des jeunes feuilles, raccourcissement des entrenœuds, chlorose internervaire sur jeunes feuilles. Les grandes feuilles ne montrent pas immédiatement de signes de carence.

Molydène (Mo) – Carence sur les jeunes feuilles

Rôle : Fixation de l’azote, réduction des nitrates, métabolisme des acides aminés.

Mobilité : Moyenne.

Symptômes : Chlorose sur jeunes feuilles, anomalies dans le développement foliaire, souvent en combinaison avec des symptômes de carence azotée (car le métabolisme des nitrates est perturbé).

Tableaux des carences et des feuilles touchées

Élément Type Mobilité Feuilles touchées en premier Symptômes principaux
Azote (N) Macronutriment Très mobile Grandes feuilles Chlorose généralisée des feuilles âgées
Phosphore (P) Macronutriment Très mobile Grandes feuilles Coloration pourpre, retard de croissance
Potassium (K) Macronutriment Très mobile Grandes feuilles Nécroses marginales, brunissement
Calcium (Ca) Macronutriment Faiblement mobile Jeunes feuilles Déformation, nécrose des jeunes tissus
Magnésium (Mg) Macronutriment Très mobile Grandes feuilles Chlorose internervaire sur feuilles âgées
Soufre (S) Macronutriment Peu mobile Jeunes feuilles Chlorose généralisée sur jeunes feuilles
Fer (Fe) Micronutriment Très faible mobilité Jeunes feuilles Chlorose internervaire
Manganèse (Mn) Micronutriment Faible mobilité Jeunes feuilles Chlorose internervaire, taches nécrotiques
Bore (B) Micronutriment Faible mobilité Jeunes feuilles Déformation des jeunes feuilles, nécroses
Cuivre (Cu) Micronutriment Faible mobilité Jeunes feuilles Chlorose apicale, nécrose
Zinc (Zn) Micronutriment Mobilité moyenne Jeunes feuilles Chlorose, petites feuilles, nanisme
Molydène (Mo) Micronutriment Mobilité moyenne Jeunes feuilles Chlorose, troubles de croissance

Diagnostic, prévention et correction des carences

Le diagnostic des carences selon l’âge des feuilles reste un outil agronomique essentiel pour optimiser la nutrition des cultures. L’identification des feuilles touchées (jeunes ou grandes feuilles) permet de cibler précisément la carence, en tenant compte de la mobilité des nutriments.

Pour prévenir et corriger ces carences, il est essentiel de :

  • Effectuer des analyses de sol et de tissus végétaux régulières.
  • Adapter les fertilisations selon les besoins spécifiques de la culture et du stade phénologique.
  • Utiliser des engrais foliaires ou des amendements racinaires selon la nature de l’élément déficient.
  • Surveiller les facteurs limitants comme le pH du sol, qui peut bloquer l’assimilation de nombreux éléments.

Enfin, il est fortement recommandé de combiner l’observation des symptômes foliaires avec des analyses de laboratoire pour un diagnostic précis. Cela permet d’assurer une nutrition optimale et durable, indispensable à la rentabilité agricole et à la qualité des productions végétales.

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